Monica Bellucci pour le projet de Madame Figaro “QUAND J’AVAIS 16 ANS”
Monica Bellucci à 16 ans Photo personnelle
Quand j’avais 16 ans. – En écho à une jeunesse chahutée par la crise, huit célébrités nous dévoilent leurs rêves d’adolescents. La photo fétiche qu’elles nous ont confiée raconte une histoire singulière, où il est question de passion et de liberté. L’actrice italienne répond à notre questionnaire teenager.
Madame Figaro. – L’adolescence, enfer ou paradis ? Monica Bellucci. – Entre les deux. C’est une période où on n’est plus des enfants mais on n’est pas encore des adultes non plus donc c’est un peu le purgatoire.
Quel genre de teenager étiez-vous ? Rêveuse et rebelle à la fois. J’avais déjà commencé à travailler mais je n’avais pas encore vraiment trouvé ma place. Mon rêve c’était de partir, de passer mon bac, d’aller à l’université et surtout je voulais voyager, découvrir le monde. Mon univers était aussi rempli d’images de films et de photos. Ma source d’inspiration, c’était les femmes. Mes héroïnes s’appelaient Silvana Mangano, Gina Lollobrigida, Sophia Loren, Monica Vitti, Anna Magnani, toutes ces actrices ont bercé mon enfance et marqué mon existence. (с)
Avecelles, l’étévaenfinêtre… chaud. MonicaBellucci etCaroleBouquet, lefeuet laglace,sont réuniesdans «Les fantasmes», de Stéphane et David Foenkinos (en salle le 18 août). Une comédie en six tableaux et autant de couples qui explorent avec humour les faces cachées de leur désir. L’occasion pour ces deux incarnations de la beauté de se confier sur leur féminité, la séduction et le métier d’actrice après 50 ans.
Carole Bouquet & Monica Bellucci by Mathieu Cesar
Paris Match. Dans “Les fantasmes”, le film à sketchs des frères Foenkinos, vous jouez un couple de femmes qui ne peuvent trouver du plaisir ensemble qu’à la mort d’un être connu. Franchement, ça ne vous a pas effrayées? Monica Bellucci. J’ai appelé Stéphane Foenkinos pour lui dire : “Tu es sûr de ce sketch ? Parce que la mort est tellement présente, en ce moment, que ça fait un peu peur…” Il m’a rassurée en me parlant de comédie noire, douce-amère, de distanciation, de désacralisation. Carole Bouquet. Nous avons tourné en septembre, entre les deux confinements. Au départ, il y avait pas mal de scènes dans un Ehpad. Le sujet n’était pas évident! Mais à l’arrivée, heureusement, c’est l’humour qui l’emporte. Aviez-vous déjà entendu parler de la thanatophilie, ce fantasme un peu bizarre qui conduit les deux femmes à faire l’amour dans un cimetière après un enterrement? M.B. Non,mais c’est presque un grand classique. On peut évoquer le mythe grec d’Eros et Thanatos, l’amour passionnel qui porte la mort. Bon, ici c’est poussé à l’extrême. Le film explore avec drôlerie les fantasmes inavouables de chacun, la folie ordinaire cachée. On a tous nos problèmes. C.B. Est-ce que ça m’excite ? Pas du tout. Moi, je suis plutôt très triste quand une personne que j’aime s’en va. Est-ce que je suis choquée pour autant ? Pas plus que ça. J’ai déjà connu des gens qui faisaient l’amour dans des cimetières. D’autres préfèrent les églises. L’idée de l’interdit, du péché, peut provoquer le désir. Il y a quelque chose de très émoustillant à être hors norme. Et puis, consultez la liste des fantasmes bizarres répertoriés : il existe des choses bien plus cinglées. Cela vous a-t-il plu d’incarner ces deux personnages féminins un peu tordus? C.B. Nous ne faisons pas ce métier pour être nous-mêmes mais pour être hors de nous. Je ne partage aucun des fantasmes qui figurent dans ce film, et… il y en a ! Le nôtre ne rend personne malheureux. Ces deux femmes, nous leur donnons une voix, nous les représentons. M.B.Oui, Carole, tu as raison, mais il est compliqué de défendre bec et ongles nos personnages, tout de même. On a de la compassion pour elles et leurs faiblesses parce que nous sommes actrices, qu’elles sont femmes. N’essaient-elles pas, au fond, de préserver laflammede leur couple, et est-ce que cela vous parle? C.B. Il y a entre elles une passion charnelle qui est évidente. Elles pourraient la vivre autrement, nous sommes d’accord. Ce qui me parle, qui est beau, c’est que Monica et moi avons nos âges et qu’on nous demande, plutôt qu’à deux jeunes femmes, de défendre une histoire de sexualité, de désir et de plaisir. À l’écran, je trouve d’ailleurs très séduisant ce couple que nous formons, et la présence de Monica est une des raisons pour lesquelles j’ai accepté ce film. Vous connaissiez-vous? C.B. Non, mais nous nous étions croisées. Et cela m’amusait de partager cette histoire d’amour avec elle, très belle femme mais plus une gamine non plus. Je sens qu’elle intrigue ceux qui voient le film et que ça peut aider à faire évoluer les mentalités : il n’y a pas d’âge pour la passion. M.B. Et voilà aussi la magie du cinéma: deux actrices qui ne se connaissent pas se retrouvent à jouer des scènes on ne peut plus intimes, sans répétition, juste une lecture chez Carole. Qui a décidé que, dans la façon de s’habiller, Carole serait plus masculine et Monica ultra-féminine? M.B. C’était écrit dans le scénario et ça nous allait. C.B. Et c’est évident, non? Regardez-nous. On a juste forcé le trait de l’image que nous renvoyons, et c’est très bien comme ça.
Carole Bouquet et Monica Bellucci dans “Les Fantasmes” de Stéphane et David Foenkinos. En salles le 18 août.Bertrand Vacarisas/Gaumont
Cette image de vous, Carole, elle remonte à loin… C.B. Il n’y a pas eu de femmes autour de moi pour me transmettre cette féminité, ce que je fais aujourd’hui avec mes petites-filles, par exemple. Aux 10 ans de l’une d’elles, il y avait des jolies robes, des paillettes et du maquillage. À son âge, je jouais avec des soldats de plomb. La féminité, je l’ai découverte en débutant au cinéma, mais m’habiller de façon très féminine relevait davantage du déguisement. J’étais timide, je n’avais pas les codes. J’ai porté des robes pour faire plaisir à mes copines plus que pour séduire. Ne faut-il pas une forme de courage pour incarner à l’écran ce couple de femmes homosexuelles? M.B. Je ne suis pas sûre que leur homosexualité soit un élément prépondérant, ni qu’il faille parler de courage à notre propos. C’est leur fantasme qui compte. Et comment elles le vivent, la do possible. C’est ce que j’ai essayé de comprendre et de défendre. Les femmes ont toujours été pour moi une grande source d’inspiration. C.B. Enfin, quand même, nous sommes en France, en 2021… On peut parler d’homosexualité! Il est vrai qu’elle est encore interdite dans certains pays, mais ça changera. Les droits évolueront, comme ceux de la femme ont fini par évoluer. Et si l’on parle de voter ou d’avoir un compte en banque, c’était il n’y a pas si longtemps. Vous-même, Carole, aviez été l’objet d’une rumeur avec Clio Goldsmith, dans les années 1980… C.B. Clio et moi avons habité ensemble durant un an, à New York. Ensuite, quand je suis partie tourner en Italie, toute la presse m’a parlé de ma liaison avec elle. Pur fantasme, je suis tombée des nues. Pour vous dire la vérité, je trouve presque dommage de ne pas l’avoir fait… Est-cequ’onsepréparepour jouerdes scènes d’intimité ou, au contraire, faut-il se laisser aller? C.B. Moi, je faisais confiance à Monica. M.B. Confiance ? Tu me fais rire ! Ces scènes, nous savions qu’elles seraient tournées avec pudeur. Peuvent-elles, parfois, être compliquées ? M.B. Eh bien, ça dépend avec qui. Là, c’était juste très simple et amusant. C.B. Moi qui suis strictement hétérosexuelle, je suis triste de ne pas avoir aussi aimé les femmes. Mes enfants vont hurler, mais… désolée, c’est vrai, je trouve ça dommage. Mis à part ce regret, je considère les femmes comme des soeurs que je reconnais. Je n’ai d’ailleurs jamais été envieuse ni jalouse d’une autre femme. Y compris dans le domaine de l’amour. Je suis très fataliste, en fait. Pour vous deux, la beauté a-t-elle été un cadeau ? M.B. Le corps dans lequel on naît nous a été donné. On fait avec. Mais c’est un cadeau qui passe avec le temps. Après la jeunesse, un autre style de beauté arrive. Pouvoir s’exprimer encore après un certain âge est formidable. C.B. La beauté, un cadeau? Oui, du ciel. Il faut savoir s’en servir, s’en amuser, qu’il ne vous enferme pas dans une boîte entourée d’un ruban rose bonbon. Mais on a toujours de quoi faire avec son physique. Plus on vieillit, plus les metteurs en scène masculins ont de l’imagination pour nous. Quelle chance de ne pas être mises au rebut ! Au départ, je faisais fantasmer ; puis on m’a punie, on me quittait ; aujourd’hui, je peux jouer des monstres ou des amoureuses. Vous-mêmes pouvez susciter les fantasmes. Monica, vous étiez mannequin à 16 ans. Avez-vous, alors, découvert votre pouvoir de séduction? M.B. J’étais une jeune fille très timide, comme Carole. Du fait de mon physique, les gens venaient à moi, je n’avais pas à faire le premier pas. C’était formidable, mais ça restait fragile et, en vieillissant, cette beauté du diable s’est effacée et ne m’a plus protégée. Il a fallu que je m’adapte à cette nouvelle situation. Ma force est venue d’ailleurs, peut-être de ce qu’on appelle la recherche de la beauté intérieure. Pour vous, Carole, cela a-t-il été plus compliqué d’être un objet de désir? C.B. Très réservée, je ne savais pas trop quoi faire de mon corps. Je n’avais pas le mode d’emploi. J’ai été choisie par Luis Buñuel, à 18 ans, non pas pour mes qualités d’actrice mais pour mon visage de madone, autre fantasme. Je faisais peur aux hommes malgré moi, mais c’est moi qui tremblais. J’ai été approchée pour la première fois par Chanel quand j’avais 20 ans, mais je n’ai accepté un contrat avec eux que huit années plus tard. J’avais un peu fait la paix avec moi-même. Chez vous, Carole, il y a cette image de froideur classique et bourgeoise. Êtes-vous très différente de cela? C.B. Cette image n’est pas moi. Mais je n’y peux rien, inutile de lutter. Surtout, j’ignore ce que je parais être dans le regard des autres. Je n’entends même pas ma propre voix, dont on me parle souvent. Je ne suis pas spectatrice de moi-même. Je ne peux que me voir dans ma vie, femme avec mes faiblesses, mes qualités, mon âge, mes enfants et mes petits-enfants… Vous, Monica, c’est le contraire : un côté très chaleureux, mais vous pouvez vite devenir sombre… M.B. Je vais spontanément vers les autres, sans a priori, avec beaucoup de curiosité. Sans doute l’atavisme italien ! Après, vous avez raison, si je ne me sens pas à l’aise, je peux très vite me renfermer pour me protéger. Mais c’est naturel, non? Sûrement cela se voit-il davantage chez moi. C.B. Il y a entre nous une différence assez drôle. Monica et moi avons fait une longue séance photo et j’avais envie que ça se termine vite. Je rouspétais, comme toujours. Une vraie caricature de Française, alors qu’elle faisait preuve d’une patience d’ange. Et puis, à un moment, alors que j’aurais pu rester encore des heures en râlant, Monica a dit : “Basta, c’est fini.” Et nous sommes parties. Qu’est-ce qu’il y a, chez l’une et chez l’autre, que vous aimeriez emprunter? M.B.Moi, j’ai fait ce film parce que je voulais embrasser Carole Bouquet. Elle parle et sourit beaucoup, mais il émane toujours d’elle une forme de mystère qui me séduit terriblement. C.B. Je lui emprunterais bien sa nationalité. J’aimerais être italienne. Ne l’êtes-vous pas un peu, puisque vous vivez une partie de l’année àPantelleria, petite île au large de la Sicile, où vous produisez du vin, de l’huile d’olive et des câpres? C.B. Sur cette île où il est compliqué de se rendre, je me sens comme enveloppée. Pendant le tournage, Monica et moi avons souvent parlé italien. Ça me met toujours en joie. Vous connaissez l’adage : les Italiens sont des Français de bonne humeur. Et puis ils ont un rapport à la culture et à la beauté plus charnel qu’en France. Combien de chauffeurs de taxi m’ont fait découvrir des grands airs d’opéra en les chantant, ou m’ont parlé d’oeuvres patrimoniales dont ils sont fiers… C’est très agréable. M.B.Je dois dire que j’ai goûté tous les produits de la terre de Carole et qu’ils m’enchantent. J’ai hâte que nous nous fassions un super dîner toutes les deux. LesJamesBondgirls font souvent fantasmer les hommes.En avezvous eu conscience, vous qui avez toutes les deux tenu cet emploi? C.B. Non. J’ai joué dans “Rien que pour vos yeux”, avec Roger Moore. J’avais 22 ans et, honnêtement, je me suis beaucoup ennuyée. Si on me l’avait proposé dix ans plus tard, alors je me serais sûrement plus amusée avec ma féminité, j’aurais été une James Bond girl plus sensuelle, plus dans la provocation du fantasme. M.B. Moi, c’était pour “Spectre”, avec Daniel Craig. J’avais plus du double de ton âge, Carole. Qu’une femme de 50 ans puisse séduire un James Bond plus jeune qu’elle a été révolutionnaire. Je suis assez fière d’avoir participé à ça, pour dire que fantasme ne rime pas seulement avec jeunesse. C’est assez libératoire pour les femmes, je trouve, d’affirmer qu’elles peuvent être dans la séduction totale après 50 ans. Comme si un tabou sautait. C.B. Le film “Les fantasmes” le prouve. Nous sommes, toi et moi, des femmes qui peuvent encore explorer et montrer leur féminité. La beauté qui s’effiloche,mêmesi vous avez une grande marge toutes les deux, cela peut-il être attristant au point de ne plus regarder en arrière? C.B.Je sens le temps qui passe, évidemment, mais je ne souffre pas si je tombe sur une photo de moi plus jeune. Non, je me dis avec tendresse : “Mon Dieu! que j’étais mignonne et je ne le savais pas…” M.B. Je n’ai pas envie de mener une guerre contre les années qui filent, parce que je sais qu’elle est perdue d’avance, qu’elle me fera souffrir. Mon physique, qui s’est transformé, me donne accès à de nouveaux rôles. C’est gratifiant. Et comme j’ai envie de vivre vieille, je préfère regarder avec force vers l’avenir. Je suis très curieuse de voir cette personne que je serai dans vingt ans. Interview Ghislain Loustalot / Photos Mathieu César
A atriz Monica Bellucci é Maria Callas no Festival Internacional de Teatro de Almada. A peça está em palco este fim-de-semana no Centro Cultural de Belém, em Lisboa. video – rtp.pt
Benvenuto in Francia ! Lundi 5 juillet, les couleurs de l’Italie se sont invitées à l’Élysée. À l’occasion de la visite d’État du président italien, Sergio Mattarella, et de sa fille, Laura, Brigitte Macron en a profité pour accueillir ses propres convives lors du dîner. Dans la cour du palais de l’Élysée, la première dame a alors reçu les actrices Monica Bellucci et Carole Bouquet. Cette dernière a des liens puissants avec le pays, puisqu’elle produit un vin issu de ses vignes à Pantelleria en Sicile.
L’actrice italienne se tourne une dernière fois vers les photographes avant de rentrer dans le palais de l’Élysée, accueillie par Brigitte Macron. (Paris, le 5 juillet 2021.)
L’emploi du temps de Monica Bellucci
Ces derniers jours, l’actrice italienne ne cesse de se retrouver sous les feux des projecteurs. Dans la journée du lundi 5 juillet – juste avant le dîner à l’Élysée – Monica Bellucci a fait une apparition à la Fashion Week de Paris, lors du défilé Dior. Après le repas présidentiel, l’héroïne de Malena a dévoilé sur son compte Instagram la couverture du Vogue Italie de juillet 2021, sur laquelle elle pose en compagnie de sa fille, Deva Cassel. Côté cinéma, Monica Bellucci sera à l’affiche du film Fantasmes de David et Stéphane Foenkinos, qui devrait sortir en août 2021.