May 12, 2017

 Thierry Frémaux : “Monica Bellucci fait partie de l’histoire de Cannes”

Par Barbara Baumel | Le 12 mai 2017

Monica Bellucci, bellissima maîtresse de cérémonie du 70e Festival de Cannes, réinventée en blonde par la photographe Ellen von Unwerth, et Thierry Frémaux, délégué général du Festival, se confient passionnément…

Thierry Frémaux. Dans ce numéro de Madame Figaro dont on m’a confié la rédaction en chef, je tenais à la présence de Monica Bellucci. Parce qu’elle est la maîtresse de cérémonie de ce 70e Festival de Cannes (1), parce qu’elle fait partie de l’histoire de Cannes, parce qu’elle est inimitable, incarnant quelque chose de rare et de méconnu. Je devais, je voulais l’interviewer, mais c’est elle qui a posé les questions !

Monica Bellucci. – Pendant la sélection, ton téléphone est en ébullition, non ?
T. F. –
En ébullition !

M. B. – Y a-t-il de la pression ?
T. F. –
La pression, c’est de l’amour ! Si un cinéaste ne se dit pas qu’il a réalisé le plus beau film du monde, qui d’autre le pensera ? Quand un metteur en scène insiste, je l’écoute toujours. Si nous sommes certains de ne pas retenir son film, nous le lui expliquons. C’est un mauvais moment à passer à Paris, mais, en cas d’échec, un mauvais moment à passer… à Cannes.

M. B. – Qu’arrive-t-il lorsque tu as de l’estime pour un réalisateur mais que tu n’es pas convaincu par son long-métrage ? Nous, le commun des mortels, nous voulons le savoir (Elle sourit.)

T. F. – L’amitié s’arrête à la porte de la salle de projection. Quand un cinéaste accepte une décision négative avec classe, j’ai encore plus de regrets. L’un m’a dit : « Très bien. J’espère juste que les autres films sont meilleurs. » Ce mélange de pudeur et de tristesse était plus fort qu’une protestation ! Certains nous remercient d’avoir regardé leur film. L’an dernier, lorsque j’ai annoncé à Ken Loach que Moi, Daniel Blake était en compétition, il m’a répondu : « Tu es sûr ? Je suis venu souvent, je peux laisser la place aux autres. »

M. B. – Il faut de la diplomatie…
T. F. –
De la diplomatie de ma part et de l’élégance de la part des réalisateurs. Pour Laurence Anyways, j’avais dit à Xavier Dolan : « Ça n’est pas pour la compétition. » Il l’avait accepté à contrecœur, mais sa fidélité l’a conduit à nous proposer Mommy. Là, c’est lui qui nous a fait un cadeau.

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Le choix de Thierry Frémaux, délégué général du Festival : La bellissima maîtresse de cérémonie, réinventée en blonde par la photographe Ellen von Unwerth.

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